Les doigts dans les yeux / The Eye Pokes

Réflexions martiales d'un Hypnofighter #460 : Les doigts dans les yeux



Nous avons assisté en l'espace de deux semaines, dans la même catégorie de poids lourds, à l'utilisation des doigts dans les yeux pendant un combat. Cela a forcé l'arrêt pour l'un des combattants et permis à l'autre d'écrire l'histoire. Il est amusant d'entendre que de nombreux pratiquants de MMA critiquent les styles traditionnels, et plus spécifiquement les styles de défense personnelle, pour cette technique qu'ils ne cessent de proposer. On la voit beaucoup en Silat, en Kali, en Wing Chun ou en Krav Maga.

Même si, concernant les frappes – et je rejoins notamment Cyrille sur ce point –, il est déjà difficile de placer une bonne percussion, avoir un espace aussi réduit rend la tâche possiblement plus ardue. Cependant, dans une confrontation urbaine, la saisie demeure une hypothèse extrêmement fréquente ; il suffit de regarder en ligne les vidéos de sécurité filmant des agressions.

Et s'il n'est pas aisé d'atteindre le globe oculaire en frappe, en grappling (lutte au sol ou en corps-à-corps) c'est beaucoup plus facile de placer sa main au visage et les doigts dans les yeux. Je me souviens d'un stage avec Peroba (Flavio Santiago) et des amis du Silat (Sébastien). Il y avait un « débat » entre l'approche de self-défense du Silat et l'approche sportive de la Luta Livre.

Flavio a partagé un argument très juste : certes, les Lutadors (pratiquants de Luta Livre) ne sont pas les meilleurs sur les frappes et leur gestion, mais une fois qu'ils ont saisi l'adversaire (pour l'amener ou non au sol), rien ne les empêche de casser des doigts, de crever des yeux ou de mordre pour tout arracher. L'avantage des styles de grappling dans ces cas est le contrôle qu'ils peuvent offrir, donnant l'opportunité d'appliquer ces techniques avec une réussite supérieure (due au contrôle) à celle d'une frappe qui, dans un contexte de défense personnelle, peut facilement être mal placée, effectuée de manière approximative, et donc avec moins de « maîtrise » de la situation.

Je fais partie de ceux qui, lorsque je parle de la version « rue » de la Luta, du BJJ ou du MMA, montre toujours à quel point il est facile de crever un œil, ou plutôt de mettre les doigts dans les yeux, ou d'arracher une oreille. Après, il y a un élément plus complexe que beaucoup occultent avec des phrases comme : « Moi, si on m'agresse, je suis sans limite. » C'est la capacité à réellement sentir sa phalange pénétrer dans un globe oculaire, à voir une oreille pendre avec le sang qui coule, ou toute autre fracture d'articulation qui, lorsque cela arrive en dojo ou en compétition, glace le sang de beaucoup...

Prenez ce qui est bon et juste pour vous. Be One, Pank.


Martial Reflections of an Hypnofighter #460: The Eye Pokes

We witnessed, within two weeks in the same heavyweight category, the use of eye pokes during a fight. This forced a stop for one of the fighters and allowed the other to make history. It’s amusing to hear that many MMA practitioners criticize traditional styles, and more specifically self-defense styles, for this technique they constantly promote. We see it often in Silat, Kali, Wing Chun, or Krav Maga.

Even if, regarding striking — and I particularly agree with Cyrille on this point —, it is already difficult to land a good strike, having such a reduced space makes the task possibly harder. However, in an urban confrontation, the clinch or grappling remains an extremely frequent hypothesis; you only have to look at security videos of assaults filmed online.

And if it is not easy to reach the eyeball with a strike, in grappling (ground or close-quarters combat) it is much easier to put your hand on the face and your fingers in the eyes. I remember a seminar with Peroba (Flavio Santiago) and friends from Silat (Sébastien). There was a "debate" between the self-defense approach of Silat and the sport approach of Luta Livre.

Flavio shared a very accurate argument: admittedly, Lutadors (Luta Livre practitioners) are not the best at striking and managing it, but once they have grabbed the opponent (whether to take them to the ground or not), nothing prevents them from breaking fingers, gouging out eyes, or biting to tear everything off. The advantage of grappling styles in these cases is the control they can offer, giving the opportunity to apply these techniques with superior success (due to the control) compared to a strike which, in a self-defense context, can easily be misplaced, executed in an approximate manner, and therefore with less "mastery" of the situation.

I am one of those who, when talking about the "street" version of Luta, BJJ, or MMA, always shows how easy it is to gouge out an eye, or rather to poke the eyes, or tear off an ear. After that, there is a more complex element that many overlook with phrases like: "Me, if I get attacked, I have no limits." This is the capacity to actually feel your knuckle entering a globe, to see an ear hanging with blood flowing, or any other joint break that, when it happens in a dojo or competition, chills the blood of many...

Take what is good and right for you. Be One, Pank.

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