Cela faisait longtemps que je n’avais pas partagé un atelier axé sur la self-defense avec des néophytes. Dans le cadre d’une
cagnotte pour un trek dans le désert, la femme d’un de mes élèves a demandé si je pouvais proposer un cours en contrepartie.
J’ai eu une dizaine de femmes qui souhaitaient découvrir la self-defense. Parmi elles, deux avaient déjà été agressées, selon un modèle de saisie. Nous savons que les agressions d’hommes envers des femmes sont différentes de celles entre hommes. Les
rituels et les tentatives de prise de pouvoir ne se manifestent pas de la même manière.
J’ai donc choisi de travailler sur des techniques de grappling en associant des éléments de Kali et de Silat. La première chose marquante a été de constater à quel point le contact physique était difficile pour des personnes qui n’avaient pas l’habitude de saisir ou de se coller. Sans parler des « frappes » qui, entre la peur de faire mal et le manque de coordination, ressemblaientdavantage à des attaques d’enfants qu’à celles d’adultes.
La défense personnelle se veut un processus simple dont l’objectif principal est de rentrer chez soi sans la moindre blessure.
La possibilité de s’échapper est primordiale, car dans la plupart des cas, il ne s’agit pas de combats pour survivre, mais plutôtd’actions visant à fuir.
Au début, les apprenantes avaient du mal à gérer les angles pour se libérer, mais peu à peu, elles ont automatisé leur démarche pour prendre conscience des possibilités d’évasion. Les questions fusaient sur les différentes situations, les gabarits potentiels des agresseurs, la manière de frapper les parties sensibles, etc. Cependant, lorsque je suis passé d’un style plus axé sur le jiujitsu,
pour gérer les prises et éviter l’immobilisation, à une forme plus agressive incluant des frappes, j’ai remarqué le malaise des
participantes.
Donner des coups ou frapper dans les yeux, les parties sensibles, etc., sont des choses qui ne sont pas du tout naturelles. La
simple idée de toucher la tête ou d’utiliser le « schreiding » (placer les mains sur le visage) les bloquait.
Bien sûr, nous n’étions pas dans un contexte où les personnes étaient davantage intéressées par ce type d’activité. Il ne semblait
pas y avoir une crainte particulière liée à une agression. Nous nous retrouvions plus avec des étudiantes qui se demandaient
quand cela allait se terminer plutôt que d’être réellement passionnées par le cours.
Cela m’a fait faire un parallèle avec mes élèves lors des entraînements, qui s’inscrivent initialement pour pratiquer le jiujitsu et la
lutte, et se retrouvent à devoir gérer des frappes, voire les donner eux-mêmes. Cette approche est assez malaisante pour
beaucoup de pratiquants du grappling. Je réalise qu’en plus du fait que ce n’était pas leur motivation initiale, beaucoup ont du
mal à frapper naturellement. Cela peut expliquer pourquoi de nombreuses personnes se figent lors d’agressions violentes avec
des coups puissants.
Il existe des instincts différents dans les sports de combat : les frappeurs sont souvent assez nerveux, tandis que les grapplers
sont davantage dans une notion de contrôle. Dans la rue, et encore plus avec des débutants, ce qui peut ressortir est ce qui est
naturel pour nous. Certains voudront faire mal à leur agresseur, tandis que d’autres chercheront rapidement à neutraliser la
situation avec le moins de violence possible.
La forme de défense que nous proposons à nos élèves doit correspondre à leurs instincts, sachant que lors de situations de stress, ce qui ressort est ce qui correspond à notre nature. Ce moment de partage m’a rappelé que même si beaucoup veulent apprendre à se défendre, beaucoup risquent instinctivement de se retrouver dans l’incapacité d’initier rapidement une défenseou une contre-attaque, et de vivre une gestion difficile du conflit.
Et vous, vous sentez-vous davantage frappeur ou grappler ?
Martial Reflections of a Hypnofighter #26: Teaching Self-Defense to Beginners
It had been a long time since I had shared a workshop focused on self-defense with novices. As part of a fundraiser for a desert trek, the wife of one of my students asked if I could offer a class in return.
I had about ten women who wanted to discover self-defense. Among them, two had already been assaulted, following a pattern of grabbing. We know that assaults by men on women are different from those between men. The rituals and attempts at power grabs manifest differently.
So, I chose to work on grappling techniques, incorporating elements of Kali and Silat. The first striking thing was to see how difficult physical contact was for people who were not used to grabbing or sticking close. Not to mention the 'strikes' which, between the fear of hurting and the lack of coordination, looked more like children's attacks than those of adults.
Personal defense is meant to be a simple process whose main goal is to get home without any injury.
The possibility of escape is crucial, as in most cases, it's not about fighting for survival, but rather actions aimed at fleeing.
At first, the learners had difficulty managing angles to free themselves, but gradually, they automated their approach to become aware of the possibilities of escape. Questions abounded about different situations, potential sizes of attackers, how to strike sensitive parts, etc. However, when I switched from a style more focused on jiu-jitsu, to manage holds and avoid immobilization, to a more aggressive form including strikes, I noticed the discomfort of the participants.
Giving blows or striking in the eyes, sensitive parts, etc., are things that are not at all natural. The simple idea of touching the head or using 'schreiding' (placing hands on the face) blocked them.
Of course, we were not in a context where people were more interested in this type of activity. There didn't seem to be a particular fear related to an assault. We found ourselves more with students who were wondering when it would end rather than being truly passionate about the course.
This made me draw a parallel with my students during training, who initially sign up to practice jiu-jitsu and wrestling, and find themselves having to manage strikes, or even give them themselves. This approach is quite uncomfortable for many grappling practitioners. I realize that in addition to the fact that it was not their initial motivation, many have difficulty striking naturally. This may explain why many people freeze during violent assaults with powerful blows.
There are different instincts in combat sports: strikers are often quite nervous, while grapplers are more in a notion of control. In the street, and even more so with beginners, what can come out is what is natural for us. Some will want to hurt their attacker, while others will quickly seek to neutralize the situation with as little violence as possible.
The form of defense we propose to our students must correspond to their instincts, knowing that in stressful situations, what comes out is what corresponds to our nature. This moment of sharing reminded me that even if many want to learn to defend themselves, many instinctively risk finding themselves unable to quickly initiate a defense or counterattack, and experience difficult conflict management.
And you, do you feel more like a striker or a grappler?
L'homosexualité dans le BJJ : Un sujet tabou ? Pour ceux qui ne me connaissent pas, j'ai deux principaux centres d'intérêt dans la vie : la psyché humaine et les arts martiaux. Ce dernier a l'avantage de rapidement révéler ce qui se cache derrière les paroles, les attitudes ou les attentes de chaque pratiquant. Je reviendrai sur ce sujet plus tard. Aujourd'hui, je souhaite mettre en lumière une discussion que j'ai récemment eue avec une amie brésilienne à propos de la prévalence de l'homophobie au Brésil, ce qui nous a amenés à discuter de l'homosexualité dans le sport, en particulier dans le Jiu-Jitsu brésilien (BJJ). Ayant passé de nombreuses années sur les tatamis de BJJ, je pense avoir tout entendu sur ce sujet. Je me souviens lors de voyages au Brésil, des personnes m'expliquaient que certains Jiu-Jitsukas ciblaient des individus gays et transgenres parce qu'ils les trouvaient "dégoûtants" (je vous épargne les détails). Alors, qu...
La self-défense en Jiu-jitsu et Luta Livre Je pense réellement que la self-défense devrait être enseignée dans les styles de préhension. Cependant, le programme actuel est manifestement inadapté. J'ai l'impression de me retrouver dans le goshin no kata du Judo, avec des techniques archaïques et clairement inefficaces au 21e siècle. Je comprends que de nombreux pratiquants de Jiu-jitsu considèrent cela comme une perte de temps. Néanmoins, nier la réalité d'une vie quotidienne pouvant mener à une confrontation physique est regrettable, surtout dans un sport de combat. J'emploie sciemment le terme "sport", car la Luta, le BJJ, comme le Judo, sont tellement influencés par l'aspect sportif qu'ils s'éloignent de la réalité du combat. Nous savons tous que les pratiquants de Jiu-jitsu ont tendance, sur les réseaux sociaux, à préférer s'asseoir pour débuter un affrontement. De nombreux mouvements hyper techniques du Jiu-jitsu moderne sont infaisables,...
Réflexions Martiales d'un Hypnofighter #355 : La Quête de Souplesse Après la Force Brute J’aime profondément les anciens dans les arts martiaux, et plus particulièrement quand ils démontrent des techniques avec une idée de souplesse, de non-opposition voire d'ichigeki. Je vois des jeunes aïkidokas ou jiujitsukas “traditionnels” faire des mouvements avec fluidité dans une volonté aïki ou dans une souplesse de kuzushi qui semble répondre à l’imagerie populaire des arts martiaux, une sorte de beauté où celui qui subit la technique “utilise la force” de l’autre. Mais tout cela, c’est à mon avis une erreur. Même un Ueshiba était une brute physique, avec une musculature développée et quand on lit les vieux sifu ou sensei, la plupart avaient des entraînements d’une violence et dureté incroyables. En Judo, un entraînement de Kimura ne ressemble pas à ce que nous voyons de Mifune âgé. Il y a la réalité qui entre dans l’équation, l’opposition, la résistance de l’autre que la technique ...
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