Réflexions martiales d’un Hypnofighter #38 : Le sourire du combattant / The Fighter’s Smile

 

Réflexions martiales d’un Hypnofighter #38 : Le sourire du combattant



Vous avez déjà vu des matchs de boxe où les combattants sourient ? C’est assez étonnant sachant qu’ils reçoivent de gros coups au visage et sur d’autres parties du corps. Dans une étude intitulée « A winning smile? Smile intensity, physical dominance, and fighter performance » de Michael Kraus, il est démontré que lors de la phase de Faceoff avant le combat, celui qui sourit est souvent celui qui va perdre.

Pourquoi ? Tout simplement parce que cela peut permettre à son adversaire de penser que cet homme souriant ne sera pas assez agressif envers lui. Il peut prendre cela comme une ressource psychologique importante. Néanmoins, c’est très différent pendant les combats. En effet, quand il y a un combattant qui sourit constamment même lorsqu’il encaisse des coups, c’est assez particulier et cela peut susciter de gros doutes quant à l’impact des coups. Benoit St Denis a retiré le sourire de son adversaire la semaine dernière après lui avoir porté de gros middle kicks. Dans ce cas, la provocation et le sourire n’étaient pas très avisés. Mais lorsque l’on voit un Rodtang ou de nombreux combattants thaïlandais, il est incroyable de constater comment, même après avoir reçu de grosses frappes, ils continuent de sourire.

Comme un jeu, une suggestion non verbale, à la fois agaçante et effrayante. Voir quelqu’un avancer avec le sourire alors qu’on lui inflige des percussions donne l’impression de l’effet zombie que certains drogués vivent. De plus, il est impossible de savoir où nous en sommes dans le combat. Est-ce que l’adversaire gère réellement la situation ou est-il à bout de souffle ? Nous savons que dans un combat, de petites choses comme comprendre que notre low kick a atteint sa cible, qu’un souffle court nous rappelle que l’adversaire perd son endurance, peuvent nous donner un regain d’énergie et une envie de tout donner à ce moment-là.

Toutes les informations que nous pouvons donner peuvent être un stimulant pour le partenaire que nous affrontons. Si vous avez déjà essayé de sourire, vous remarquerez que votre corps se détend. Il existe de nombreuses études montrant l’impact du sourire sur nos réactions chimiques. Par exemple, l’étude de Otsubo et al. (2018) a montré que le groupe qui souriait pendant des tâches stressantes présentait des niveaux de cortisol plus bas que le groupe témoin. Cela suggère que le sourire peut atténuer la réponse du cortisol au stress, ce qui indique des effets bénéfiques sur la régulation hormonale. En d’autres termes, cela permet de mieux gérer le stress, et nous savons que pendant les compétitions, le stress peut parfois nous empêcher d’adopter une attitude agressive rapidement.

Il y a un autre élément intéressant : celui de l’analgésie. Des études montrent que le sourire permet de ressentir moins de douleur. Par exemple, l’étude de Vachon-Presseau et al. (2015) a utilisé l’imagerie cérébrale pour examiner les effets du sourire sur les réponses cérébrales à la douleur. Les résultats ont montré que le sourire réduit l’activité dans les régions cérébrales associées à la douleur, ce qui suggère un effet analgésique.

Il y a aussi le plaisir du combat, tout simplement. Les affrontements physiques sont naturels chez les animaux que nous sommes et même si nous prenons les compétitions au sérieux, ce ne sont finalement que des jeux d’enfants pour voir qui est le plus fort. Rien n’est fondamentalement important, si nous replaçons les choses dans leur contexte. C’est un cirque, un jeu, avec les récits que nous lui donnons et le scénario que les organisateurs proposent. Au fond, nous sommes des enfants qui se battent pour savoir qui est le plus fort dans la cour de récréation. Le monde ne changera pas après notre bagarre, ce n’est pas une guerre, c’est simplement une relation entre nous et les autres. Alors pourquoi ne pas combattre avec plaisir et sourire.

Et vous, vous êtes-vous déjà vu en train de sourire pendant un entraînement ou une compétition ?

Références des études mentionnées :
Kraus, M., Huang, L., & Keltner, D. (2010). Tactile communication, cooperation, and performance: An ethological study of the NBA. Emotion, 10(5), 745-749.
Otsubo, Y., Tanaka, K., Koda, H., Kato, S., & Sadato, N. (2018). The effect of a smile on stress-coping using functional near-infrared spectroscopy: A pilot study. Frontiers in Psychology, 9, 2262.
Vachon-Presseau, É., Roy, M., Martel, M. O., Caron, E., Albouy, G., Marin, M. F., … & Rainville, P. (2015). The stress model of chronic pain: Evidence from basal cortisol and hippocampal structure and function in humans. Brain, 138(3), 815-827.

Ne prenez ce qui est bon et juste pour vous.
Be one
Pank

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English Version

Martial Musings of an Hypnofighter #38: The Fighter’s Smile

Have you ever seen boxing matches where the fighters smile? It’s quite remarkable considering they’re taking powerful blows to the face and other parts of their bodies. In a study titled « A winning smile? Smile intensity, physical dominance, and fighter performance » by Michael Kraus, it’s demonstrated that during the faceoff phase before a fight, the one who smiles is often the one who’s going to lose.

Why? Simply because it might lead their opponent to believe that the smiling individual won’t be aggressive enough towards them. They could interpret it as a psychological ploy. However, it’s a different story during the actual fights. When you see a fighter consistently smiling even while taking hits, it’s quite distinctive and can cast doubt on the impact of the blows. Benoit St Denis wiped the smile off his opponent’s face last week after landing powerful middle kicks. In this case, provocation and a smile weren’t the wisest choices. But when you witness fighters like Rodtang or numerous Thai fighters, it’s incredible to see how they keep smiling even after receiving significant strikes.

It’s like a nonverbal play, both irritating and unsettling. Watching someone move forward with a smile while enduring strikes gives the impression of the zombie-like effect experienced by some drug users. Furthermore, it becomes impossible to gauge where we stand in the fight. Is the opponent really in control or out of breath? We know that in a fight, small cues, like realizing a low kick landed accurately or noticing shortness of breath in the opponent, can give us a boost of energy and a willingness to go all out at that moment.

Any information we provide can be a stimulus for our opponent. If you’ve tried smiling, you’ll notice that your body relaxes. Numerous studies demonstrate the impact of smiling on our chemical responses. For instance, Otsubo et al.’s study (2018) found that the group that smiled during stressful tasks had lower cortisol levels compared to the control group. This suggests that smiling can mitigate the cortisol response to stress, indicating beneficial effects on hormonal regulation. In other words, it helps manage stress better, and we know that during competitions, stress can sometimes hinder a quick switch to an aggressive mindset.

Another interesting element is that of analgesia. Studies show that smiling reduces the perception of pain. For instance, Vachon-Presseau et al.’s study (2015) used brain imaging to examine the effects of smiling on brain responses to pain. The results demonstrated that smiling reduces activity in brain regions associated with pain, suggesting an analgesic effect.

And then there’s the simple enjoyment of the fight. Physical confrontations are natural for us, just as they are for animals. Even though we take competitions seriously, they’re ultimately child’s play to determine who’s the strongest. Fundamentally, nothing is that important when we put things in perspective. It’s a circus, a game, shaped by the narratives we give it and the scenarios organizers present. Deep down, we’re children competing to establish dominance on the playground. The world won’t change after our fight; it’s not a war, just a relationship between us and others. So why not fight with joy and a smile?

Have you ever caught yourself smiling during training or a competition?

References for the mentioned studies: Kraus, M., Huang, L., & Keltner, D. (2010). Tactile communication, cooperation, and performance: An ethological study of the NBA. Emotion, 10(5), 745-749. Otsubo, Y., Tanaka, K., Koda, H., Kato, S., & Sadato, N. (2018). The effect of a smile on stress-coping using functional near-infrared spectroscopy: A pilot study. Frontiers in Psychology, 9, 2262. Vachon-Presseau, É., Roy, M., Martel, M. O., Caron, E., Albouy, G., Marin, M. F., … & Rainville, P. (2015). The stress model of chronic pain: Evidence from basal cortisol and hippocampal structure and function in humans. Brain, 138(3), 815-827.

Take what is good and just for you. Be one, Pank

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