Réflexions martiales d’un Hypnofighter#6 : Quand les styles traditionnels ne le sont pas. / When Traditional Styles Aren’t So Traditional

 

Réflexions martiales d’un Hypnofighter #6 : Quand les styles traditionnels ne le sont pas.

J’aime les styles traditionnels pour les notions intéressantes qu’ils apportent sur la discipline et la recherche constante d’amélioration des formes. Cependant, le problème connu depuis des années est leur efficacité dans un véritable combat, en particulier dans un environnement urbain et potentiellement face à un autre style.

Ce qui est assez agaçant chez de nombreux maîtres et dans les récits qui entourent ces arts, c’est le fait de faire croire à leurs disciples que leur méthode est issue d’une tradition figée, et donc qu’un mouvement doit absolument être exécuté d’une seule manière. En karaté, il est incroyable de constater les mises à jour des katas. Le même kata n’est pas similaire entre les différentes écoles. Même si l’on remonte à la version la plus proche de l’origine, à Okinawa, les sensei d’un même groupe comme le Goju ryu ne le réalisent pas de la même façon.

Les sensei passent leur temps à reprendre les kohai pour des détails de pieds, de mains et d’angles, en expliquant que c’est la bonne forme, alors qu’en réalité, cette forme pourrait être juste dans un autre ryu. Vendre la tradition joue sur un biais différent et sur la notion de la figure d’autorité. Pourtant, dans le monde du combat, nous pouvons constater que les aspects traditionnels sont en fait des visions académiques. L’expérience prouve que de nombreux combattants sont tout sauf orthodoxes, comme le montrent les différentes gardes en boxe anglaise.

Dans le karaté, Motobu était reconnu pour avoir une garde qui ressemblait plus à celle de la boxe qu’à celle du karaté classique, comme celle de Funakoshi (Shotokan). Motobu a été le premier historiquement reconnu à inclure des travaux avec des gants de boxe pour l’entraînement en karaté.

D’un point de vue pédagogique, si nous prenons le temps de montrer des formes de base, l’expérience nous montre qu’il n’y a pas une forme parfaite. Tout le monde n’a pas le physique de Roger Gracie ou la souplesse de Caio Terra. Dans notre jiu-jitsu, l’idée est de permettre une adaptation des concepts plutôt que de la forme traditionnelle, afin que nos apprenants puissent maîtriser la technique.

La tradition ne doit pas être bloquante, sinon nous aurions une savate avec des gestes très amples à la mode « Brigade du Tigre ». Notre BF (Boxe Française) a pu évoluer au contact de la boxe thaï, du kickboxing et d’autres styles. Elle reste pourtant fidèle à l’esprit de la tradition de la savate et du chausson. Elle a ses spécificités reconnues dans le monde entier. Cependant, la forme primitive n’est plus.

Le sport de combat le plus traditionnel du monde est la lutte, et pourtant nous observons des évolutions qui perdurent depuis des siècles, avec des actions qui ressemblent encore beaucoup aux frises sur les temples antiques.

Connaître l’histoire et l’objectif initial est une bonne chose. Nous comprenons pourquoi le Gracie Jiu-jitsu s’est développé de telle ou telle manière, pourquoi sa forme traditionnelle ressemble à la self-défense de n’importe quel autre jiu-jitsu, et pourquoi certaines techniques ont été davantage valorisées dans les combats interstyles. Néanmoins, par rapport au BJJ du 21e siècle, il n’y a plus grand-chose à voir, même si tout le monde sait d’où nous tirons les principes de base.

Comme le faisait comprendre Jun Fan, nous n’avons pas à nous figer dans des formes, sinon nous allons nous figer nous-mêmes. Restons ouverts à l’évolution en revenant aux fondamentaux pour bien utiliser l’expérience et l’expertise des générations passées, sans pour autant rester figés dans le passé.

Ne prenez ce qui est bon et juste pour vous.

Be one

Pank

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English Version

Martial Musings of a Hypnofighter #6: When Traditional Styles Aren’t So Traditional

I appreciate traditional styles for the valuable concepts they bring to discipline and their constant pursuit of form improvement. However, the well-known issue for years has been their effectiveness in actual combat, especially in an urban environment and potentially against other styles.

What’s rather vexing about many masters and the stories surrounding these arts is their inclination to make their disciples believe their method is derived from an unchanging tradition, implying that a movement must be executed in only one way. In karate, it’s incredible to observe the updates to katas. The same kata isn’t similar across different schools. Even if we go back to the closest version to its origin in Okinawa, sensei from the same group like Goju Ryu don’t perform it the same way.

Sensei spend their time correcting kohai on footwork, hand placement, and angles, asserting that this is the correct form, when in reality, that form might be accurate in another ryu. Selling tradition plays on a different bias and the notion of authority figures. Yet, in the world of combat, we see that traditional aspects are essentially academic viewpoints. Experience proves that many fighters are anything but orthodox, as demonstrated by the various stances in boxing.

In karate, Motobu was known for adopting a guard that resembled boxing more than classical karate, like Funakoshi’s (Shotokan) guard. Historically, Motobu was the first to incorporate boxing gloves into karate training.

From an educational standpoint, if we take the time to show basic forms, experience demonstrates that there’s no perfect form. Not everyone has Roger Gracie’s physique or Caio Terra’s flexibility. In our jiu-jitsu, the idea is to allow adaptation of concepts rather than adhering to traditional forms, enabling our learners to master the technique.

Tradition shouldn’t be stifling; otherwise, we’d have savate with sweeping gestures à la « Brigade du Tigre. » Our French Boxing (BF) has evolved through interactions with Thai boxing, kickboxing, and other styles. Yet, it remains true to the spirit of savate and chausson tradition. It has its distinct characteristics recognized worldwide. However, the primitive form is no longer present.

The world’s most traditional combat sport is wrestling, and yet we observe evolutions that have persisted for centuries, with techniques that still resemble the friezes on ancient temples.

Understanding history and the original intent is commendable. We comprehend why Gracie Jiu-Jitsu developed in a certain way, why its traditional form resembles self-defense in any other jiu-jitsu, and why certain techniques were prioritized in interstyle competitions. However, concerning 21st-century BJJ, there isn’t much resemblance, even if everyone knows where we derive our basic principles.

As Jun Fan alluded, we need not become fixed in forms, or else we’ll fix ourselves. Let’s remain open to evolution while returning to the fundamentals to effectively leverage the experience and expertise of past generations, without becoming stagnant in the past.

Take what resonates with you.

Be one,
Pank

#Tradition #gracieJiujitsu #Kata #form #Tao #Quyen #ryu #racalutabjj #asylum #jiujitsu #bjj #blackbelt #lutalivre #nopainhappiness #whitebeltitude #mma #karate

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