Mais nous sommes des guerriers... / But we are warriors...
Depuis des années, je consacre mon temps aux dojos et salles d'entraînement. Dans le monde des arts martiaux et des sports de combat, l'idée récurrente est que nous sommes des 'guerriers', des 'warriors'.
Revenons au contexte. Nous sommes au 21e siècle, en France, un pays en paix, bien que certains d'entre nous soient issus de quartiers difficiles. Notre société est relativement développée et, malgré le manque occasionnel de civisme et de courtoisie, nous évoluons dans un cadre de règles morales et sociales largement acceptées.
Mais sommes-nous vraiment des guerriers ?
Nous pratiquons les arts martiaux non pour survivre au quotidien, mais pour nous protéger d'une agression potentielle, ou nous défendre suite à des expériences difficiles dans notre jeunesse.
Nous combattons dans différentes disciplines, qu'il s'agisse de boxe, de lutte ou d'autres styles, toujours dans un cadre défini. Même les méthodes de self-défense n'impliquent pas de s'entraîner constamment avec des armes tranchantes, et les attaques aux yeux ou aux parties intimes restent exceptionnelles.
Nous allons en compétition, combattant sur un tatami, dans une cage ou un ring, avec un arbitre, des règles, des limites de temps, des entraîneurs, des rounds, des protections, et des tenues appropriées. Nous nous préparons même intensément pour ces compétitions.
Nous parlons de mourir plutôt que d'abandonner, de combattre jusqu'à la mort. Pourtant, en plus de 20 ans, je ne connais personne mort en compétition ou à l'académie.
Pourquoi ? Parce que, en réalité, nous ne sommes pas des guerriers.
Si nous sommes mis KO ou blessés, sur un champ de bataille réel, nous ne serions pas aidés par un sensei, un arbitre ou des amis. En cas de KO, nous serions morts ou capturés.
Dans un environnement de guerre, chaque instant est compté, chaque faux pas peut avoir des conséquences terribles. Il n'y a pas de préparation pour cela, pas de fin prévisible, pas de soulagement après le combat.
Nous ne sommes pas des guerriers, nous sommes des combattants. Nous apprenons le combat, à nous dépasser, à respecter un cadre et des codes. Nous combattons nos peurs, nos faiblesses. Nos adversaires sont des partenaires dans notre évolution et notre remise en question.
Nos rituels d'entraînement, nos tenues, nos salutations, sont loin de faire de nous des guerriers. Nous sommes simplement des hommes et des femmes qui ont choisi d'être là, de jouer avec l'affrontement plutôt que de le subir.
Restons des combattants et espérons ne jamais devoir devenir des guerriers.
Osu
Pank
English Version
For years, I have devoted my time to dojos and training halls. In the world of martial arts and combat sports, it's a common belief that we are 'warriors'.
Let's reconsider the context. We are in the 21st century, in France, a peaceful country, even though some of us come from tough neighborhoods. Our society is relatively developed, and even though there might be occasional lacks in civility and courtesy, we live within a framework of widely accepted moral and social rules.
But are we truly warriors?
We practice martial arts not for daily survival, but to protect ourselves from potential future aggression, or to defend ourselves from difficult experiences in our youth.
We fight in different disciplines, whether it's boxing, wrestling, or other styles, always within a set framework. Even self-defense methods don't involve constant training with sharp weapons, and attacks on eyes or private parts are rare.
We compete, fighting on a mat, in a cage, or a ring, with a referee, rules, time limits, coaches, rounds, protective gear, and appropriate attire. We even prepare intensely for these competitions.
We talk about dying rather than giving up, fighting to the death. Yet, in over 20 years, I know of no one who has died in competition or at the academy.
Why? Because, in truth, we are not warriors.
If we get knocked out or injured, on a real battlefield, there would be no sensei, referee, or friends to help us. A knockout would mean death or capture.
In a war environment, every moment counts, and every misstep can have terrifying consequences. There is no preparation for this, no predictable end, no relief after the battle.
We are not warriors, we are fighters. We learn to fight, to overcome, to respect a framework and codes. We fight our fears, our weaknesses. Our opponents are partners in our evolution and self-questioning.
Our training rituals, our uniforms, our salutations, do not make us warriors. We are simply men and women who have chosen to be there, to engage with confrontation rather than endure it.
Let's remain fighters and hope we never have to become warriors.
Osu
Pank
Commentaires
Enregistrer un commentaire