L'Exutoire Émotionnel sur le Tatami / Settling Scores

 Réflexions Martiales d'un Hypnofighter #363 : L'Exutoire Émotionnel sur le Tatami



Il peut arriver que sur les tatamis, on retrouve une forme de compétition, qu'elle soit physique, psychique ou même émotionnelle. Chacun vient dans un dojo avec ses propres intentions, mais aussi avec ses journées de travail et sa vie au quotidien. Il s'avère que parfois, une tension se crée entre les pratiquants.


À ces moments-là, le randori peut être un moyen de lâcher un peu tout ce qu'on ressent, et paradoxalement, l'opposant va devenir le réceptacle de cette tension intérieure. Nous avons aussi notre ego, notre façon de percevoir l'entraînement qui va jouer, ainsi que parfois notre grade ou notre ancienneté.


Ce qui est bien dans le ju-jitsu et plus généralement dans les styles de grappling, c'est que si parfois l'autre, qui n'est qu'un réceptacle, nous fait vivre des tensions, des émotions et bien plus de frustrations acceptables que dans le quotidien, ce moment de combat est aussi un moment d'expression qui va permettre que la notion d'agacement, de colère et toute autre forme qui nous tendent puisse s'exprimer. À cet instant-là, notre partenaire devient un opposant qui ne nous met pas dans des conditions sereines et peut clairement réveiller en nous nos propres problématiques. Ce qui est génial, c'est que le combat va souvent être très dur, ira peut-être même jusqu'à des mauvaises intentions, mais à la fin de quelques minutes, et si possible s'il n'y a pas de temps limite, alors quand la décharge énergétique, qui à ce moment-là se veut émotionnelle, s'est invitée, et s'il n'y a pas forcément un énorme affect qui nie les deux partenaires, il y aura eu quand même un échange certainement plus profond que si le mot, la parole, avaient pu tenter d'exprimer une pensée, une tension.


Laisser les combats se faire, même avec intensité, dans nos styles où les percussions ne sont pas permises, nous laisse la possibilité de voir des pratiquants qui vivent autre chose qu'un simple moment d'opposition. Moment d'opposition certes, ça ne va pas être très technique, mais au moins il va y avoir une sincérité, et c'est aussi ce que l'on cherche dans l'expression martiale. Il pourra même y avoir quelques mots du plus frustré des deux, avec des recadrages autour du respect et des comportements à avoir, et c'est là, si réellement les choses se désagrègent, que le professeur peut intervenir, cassant ce qui était un point de vue plus profond en train de se passer, pour permettre un formalisme plus acceptable.


Les arts martiaux, comme les sports de combat et plus généralement le sport, sont plus que de simples activités pour se faire plaisir ; c'est aussi une façon d'aller un peu plus en soi et de s'autoriser à exprimer et faire vivre ce que le quotidien souvent empêche.


Prenez ce qui est bon et juste pour vous.


Be One,


Pank


www.passioncombat.net


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Title: Martial Reflections of an Hypnofighter #363: Settling Scores


It can happen that on the tatami, we find a form of competition, whether physical, psychological, or even emotional. Everyone comes to a dojo with their own intentions, but also with their workdays and their daily lives. It turns out that sometimes, a tension arises between practitioners.


At these moments, randori can be a way to release a little of everything we feel, and paradoxically, the opponent will become the receptacle of this inner tension. We also have our ego, our way of perceiving training that will play a role, as well as sometimes our rank or seniority.


What is good in jiu-jitsu and more generally in grappling styles is that if sometimes the other person, who is only a receptacle, makes us experience tensions, emotions, and much more acceptable frustration than in everyday life, this moment of combat is also a moment of expression that will allow the notion of annoyance, anger, and any other form that strains us to be expressed. At that moment, our partner becomes an opponent who does not put us in serene conditions and can clearly awaken our own problems. What is great is that the fight will often be very hard, may even go as far as bad intentions, but at the end of a few minutes, and if possible if there is no time limit, then when the energy discharge, which at that moment is emotional, has manifested, and if there isn't necessarily a huge affection that negates the two partners, there will still have been an exchange certainly deeper than if words could have tried to express a thought, a tension.


Letting fights happen, even with intensity, in our styles where strikes are not allowed, gives us the possibility to see practitioners who are experiencing something other than a simple moment of opposition. A moment of opposition, certainly, it won't be very technical, but at least there will be sincerity, and that is also what we seek in martial expression. There may even be some words from the more frustrated of the two, with adjustments around respect and the behaviors to have, and it is there, if things really fall apart, that the teacher can intervene, breaking what was a deeper point of view that was happening, to allow for a more acceptable formalism.


Martial arts, like combat sports and sports in general, are more than just activities for pleasure; they are also a way to go a little deeper within oneself and to allow oneself to express and experience what daily life often prevents.


Take what is good and right for you.


Be One,


Pank


www.passioncombat.net


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