Réflexions Martiales d’un Hypnofighter #81 : Quand le Karaté Japonais Influence le Karaté d’Okinawa / When Japanese Karate Influences Okinawan Karate

 

Réflexions Martiales d’un Hypnofighter #81 : Quand le Karaté Japonais Influence le Karaté d’Okinawa



Nous savons tous que le Karaté est né sur les îles RyuKyu au Sud du Japon. Il existe de nombreuses théories sur la manière dont ce style est arrivé, mais nous pouvons être certains qu’il trouve ses origines dans le Sud de la Chine. Jesse Enkamp, un passionné d’arts martiaux et de Karaté, explique qu’il est possible que des influences philippines aient également intégré le style de combat d’Okinawa.

On aime créer des légendes autour des grands combattants de l’île, mais factuellement, à part Motobu qui semblait être le « badass » de la première période connue du Karaté, ou plutôt du Kenpo, il n’y a pas eu de gros combattants reconnus.

L’un de ses élèves, ou du moins un pratiquant influencé par son travail, Shigeru Nakamura, a mis en place un style d’Okinawa Kenpo avec des protections pour permettre aux combattants de s’affronter à pleine puissance. Parmi ses élèves, il y avait un ancien pratiquant de Judo, Kenichi Kinjo. Il s’entraînait avec Nakamura et puis un jour, il découvre le Kyokushin à travers une annonce.

En effet, à l’époque, Oyama promettait aux vainqueurs des All Japan un poste d’instructeur à l’étranger. Il faut se souvenir que ce dernier a davantage développé le Kyokushin à l’étranger qu’au Japon. En 1971, il n’y avait qu’environ 80 dojos nippons contre près de 400 dans le monde.

Kinjo, jeune et vaillant, se rend au Hombu Dojo d’Oyama et défie les pratiquants. C’est Shigeru Oyama, le head instructeur, qui relève le défi. Et il met Kinjo à sa place. Ce dernier est tellement frustré du temps qu’il a passé à répéter les katas et autres méthodes traditionnelles d’Okinawa qu’il décide de rester à Tokyo.

Il s’entraîne quelques mois en tant qu’ushi deshi, est sélectionné par le Hombu pour participer au 3e championnat du Japon, et se classe 5e. Ce qui est remarquable pour un pratiquant qui ne pratiquait le Kyokushin que depuis quelques mois.

Après cette période, il décide de retourner sur son île natale et de créer son propre style de Karaté : le RyuSeikan, entre la tradition et le combat au Ko du Kyokushin. C’est Kinjo qui a importé la forme japonaise du combat sur l’île. D’ailleurs, il a été très critique du fait que les pratiquants d’Okinawa étaient faibles et que la forme de Karaté sans combat dur n’avait pas de sens.

C’est pour cette raison que maintenant nous avons des dojos comme le Goju-ryu Meibu-kan des Yagi qui offrent des entraînements en combat en forme de plein contact.

Il est intéressant de se dire que le Karaté qui a été exporté par Funakoshi, Mabuni et d’autres est revenu avec la forme la plus dure, modifiée par Oyama.

Cela nous pousse également à réfléchir sur le Karaté de base, qui pour beaucoup n’est qu’un exercice sportif et pas vraiment un art de combat. Itosu, l’un des vulgarisateurs du Te, est celui qui l’a orienté vers un système de cours de masse pour le renforcement, s’éloignant ainsi de la self-défense ou du combat sportif.

En France, nous avons beaucoup acheté de mysticisme à travers les maîtres et les démonstrations, mais la réalité, celle que Kinjo a vécue dans sa chair, c’est que pendant longtemps, sur de nombreux aspects, le Karaté d’Okinawa n’avait que peu de pratiquants vraiment forts et efficaces. Funakoshi en est un exemple, Motobu l’a constaté après son défi.

Ne prenez que ce qui est bon et juste pour vous, 

Be one

Pank 

#karate #okinawa #ryuseikan #KenichiKinjo #meibukan #oyama #kyokushin


English Version


Martial Musings of an Hypnofighter #81: When Japanese Karate Influences Okinawan Karate

We all know that Karate was born on the RyuKyu Islands in the South of Japan. There are numerous theories about how this style arrived, but we can be certain that it originated in Southern China. Jesse Enkamp, a martial arts and Karate enthusiast, explains that it’s possible that Filipino influences also found their way into Okinawa’s combat style.

Legends abound about the great fighters of the island, but factually, apart from Motobu, who seemed to be the « badass » of the known early Karate period, or rather Kenpo, there weren’t many recognized formidable fighters.

One of his students, or at least a practitioner influenced by his work, Shigeru Nakamura, established a style called Okinawa Kenpo, complete with protective gear to allow fighters to go at full power. Among his students was a former Judo practitioner named Kenichi Kinjo. He trained with Nakamura for a while, and one day, he discovered Kyokushin through an advertisement.

Indeed, at the time, Oyama promised winners of the All Japan tournament a position as an instructor abroad. Remember that he developed Kyokushin more overseas than in Japan. In 1971, there were only about 80 Japanese dojos compared to nearly 400 worldwide.

Kinjo, young and eager, headed to Oyama’s Hombu Dojo and challenged the practitioners there. Shigeru Oyama, the head instructor, accepted the challenge and put Kinjo in his place. Kinjo was so frustrated with the time he had spent practicing traditional Okinawan katas and methods that he decided to stay in Tokyo.

He trained for a few months as an ushi deshi, was selected by Hombu to participate in the 3rd Japan Championship, and ranked 5th. Quite remarkable for someone who had been practicing Kyokushin for only a few months.

Afterward, he decided to return to his native island and create his own style of Karate: RyuSeikan, bridging the gap between tradition and the hard-hitting Kyokushin style. Kinjo was the one who imported the Japanese form of combat to the island. In fact, he was critical of the fact that Okinawan practitioners were weak and believed that Karate without tough combat had no meaning.

This is why we now have dojos like Yagi’s Goju-ryu Meibu-kan, offering full-contact combat training.

It’s interesting to think that the Karate exported by Funakoshi, Mabuni, and others came back in its toughest form, influenced by Oyama.

This also prompts us to ponder the basic Karate, which for many is merely a sports exercise and not truly a combat art. Itosu, one of the popularizers of Te, is the one who directed it toward a mass training system for physical conditioning, moving away from self-defense or sports combat.

In France, we’ve bought into a lot of mysticism through masters and demonstrations, but the reality, the one Kinjo experienced firsthand, is that for a long time, in many respects, Okinawan Karate had few truly strong and effective practitioners. Funakoshi is one example, as Motobu realized after his challenge.

#karate #okinawa #ryuseikan #KenichiKinjo #meibukan #oyama #kyokushin

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