Réflexions martiales d’un Hypnofighter #52 : La difficulté des grandes écoles / Challenges of Large Martial Arts Academies

 

Réflexions martiales d’un Hypnofighter #52 : La difficulté des grandes écoles



J’ai la chance d’avoir un dojo assez petit dans tous les sens du terme. Ce qui est plutôt bien en BJJ et Luta, c’est que nous prenons beaucoup de place parce que nous nous allongeons au sol. Cette particularité du style limite le nombre de pratiquants.

On pourrait être frustré, mais on fait avec les moyens du bord, et l’essentiel est que les apprenants puissent quand même s’exprimer sans être trop les uns sur les autres. Cette systémie m’offre une proximité avec ma cinquantaine d’élèves. Je connais leur prénom, je peux voir quand quelqu’un entre ou sort de la salle, je connais leur progression, etc.

C’est vraiment bien pour moi et pour mon enseignement. La difficulté se trouve dans les grandes académies qui, certes, font un bon chiffre d’affaires mais brassent énormément de pratiquants. Il est difficile pour les professeurs de vraiment prêter attention à tous et cet anonymat crée automatiquement des clans.

Il est difficile de ne pas être reconnu, et la nature fait que nous allons nous regrouper autour de points communs avec d’autres élèves, parfois en opposition avec des enseignants ou des cadres qui ne correspondent pas.

On pourrait se dire qu’ils n’ont qu’à partir si ce qui est proposé ne convient pas, mais la plupart des sportifs se retrouvent dans des lieux avant tout pour la proximité, puis avec les années, restent par les habitudes, qu’elles soient sociales ou pratiques. Comme en plus nous avons une tendance à biaiser, nous continuons à ne voir que ce qui ne correspond pas, ce qui avec le temps va créer des tensions au sein du dojo.

Si rapidement, les « dissidents » ne sont pas recadrés ou renvoyés, l’ambiance générale du groupe va se faire sentir. Les grands groupes sont toujours difficiles à gérer, et beaucoup d’enseignants ne sont pas là pour faire de la gestion des ressources humaines (RH).

Il se peut également que ça soit la faute de la discipline, ou en tout cas ce qu’est devenu le BJJ et la Luta. Beaucoup de pratiquants ont l’idée que c’est un art martial plus « cool » que les styles japonais ou chinois. Le côté Do Brasil et puis l’ambiance, souvent la musique, les quelques rituels de salutation, l’exemple de beaucoup de Brésiliens qui pendant des années arrivaient en retard, les cours qui ne commencent ni ne finissent dans les temps, etc.

Les élèves voyant les anciens agir comme cela, ou simplement n’ayant pas de cadre strict dans ces grandes usines à pratiquants, répètent simplement ce qu’ils perçoivent. Quand Itosu a développé le Karaté de masse, il a dû modifier ce qui a fait pendant des décennies l’enseignement en petit groupe de ce style. Il a créé une étiquette et une discipline très formelle.

Les kihons se répétaient en rythme, tout le monde en même temps, il n’y avait pas de place ni à la créativité ni à l’individualité. Avec un style plus relaxe où l’égo des élèves peut facilement exploser, la quantité de pratiquants peut devenir un vrai problème.

Tout se joue dans les règles et les cadres. Si tout est clair et défini, qu’il n’y a pas de passe-droit, notamment avec les ceintures noires, que tout le monde est soumis aux mêmes règles, les choses se conforment. Il n’y a de liberté que dans des cadres déterminés, sinon nous passons notre temps à chercher les limites de ladite liberté.

C’est une réflexion complexe que doivent se poser les propriétaires de grandes salles, pour maintenir un niveau d’enseignement de qualité, une satisfaction globale élevée, sans que tout ne devienne impersonnel et qu’il y ait de vrais bénéfices pour les adhérents dans une ambiance constructive.

Et vous, comment géreriez-vous une grosse académie ?

Ne prenez ce qui est bon et juste pour vous.

Be One.
Pank

#MartialArts #BJJ #Luta #Dojo #Enseignement #Sport #Discipline #Élèves #Académie #Gestion #Réflexion

English Version

Martial Reflections of an Hypnofighter #52: Challenges of Large Martial Arts Academies

I’m fortunate to have a relatively small dojo in every sense of the word. In BJJ and Luta, we take up a lot of space because we’re often on the ground. This aspect of the style limits the number of practitioners.

One could be frustrated by this, but we work with what we have, and the key is to ensure that learners can express themselves without crowding. This setup gives me close interaction with my fifty or so students. I know their names, I can see when someone enters or leaves the room, I’m familiar with their progress, etc.

This is really beneficial for me and my teaching. The difficulty lies with large academies that, while they may have good revenue, also have a vast number of practitioners. It’s challenging for instructors to genuinely pay attention to everyone, and this anonymity automatically creates cliques.

It’s tough not to be recognized, and human nature leads us to group together with others who share common points, sometimes in opposition to instructors or leaders who don’t align.

One might say that dissatisfied individuals should simply leave if they’re unhappy with what’s being offered. However, most athletes initially choose their locations based on proximity and then, over the years, stay due to social or practical habits. Additionally, our biases often lead us to see only what doesn’t fit, which over time can create tensions within the dojo.

If the « dissenters » aren’t quickly addressed or dismissed, the overall atmosphere of the group becomes apparent. Large groups are always difficult to manage, and many instructors aren’t equipped for human resource management (HR).

It’s also possible that the nature of the discipline itself contributes to this, at least in the case of BJJ and Luta. Many practitioners perceive these martial arts as « cooler » than Japanese or Chinese styles. The Brazilian touch, the ambiance, often music, the few rituals of salutation, the example of many Brazilians who arrived late for years, classes that neither start nor end on time, etc.

When students observe the seniors behaving this way or simply lack a strict framework in these massive practitioner factories, they simply emulate what they see. When Itosu developed mass Karate, he had to modify the small group teaching approach that had been in place for decades. He created formal etiquette and discipline.

Kihons were repeated in unison, everyone in rhythm, with no room for creativity or individuality. With a more relaxed style where students’ egos can easily inflate, the quantity of practitioners can become a genuine issue.

It all comes down to rules and frameworks. If everything is clear and defined, if there are no exceptions, especially with black belts, if everyone is subject to the same rules, things fall into place. True freedom only exists within defined boundaries; otherwise, we spend our time searching for the limits of that so-called freedom.

This is a complex consideration that the owners of large dojos must address in order to maintain a high level of quality in teaching, overall satisfaction, without everything becoming impersonal, and to ensure genuine benefits for members in a constructive environment.

And you, how would you manage a large academy?

Take what is good and just for you.

Be One.

Pank

#MartialArts #BJJ #Luta #Dojo #Teaching #Sport #Discipline #Students #Academy #Management #Reflection


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