Pank PdV #9 : La mort dans les arts martiaux / Death in Martial Arts

 

Pank PdV #9 : La mort dans les arts martiaux

On parle rarement de la mort dans les arts martiaux. Pourtant, si l’on y réfléchit, un système conçu pour la guerre vise à neutraliser l’adversaire. En BJJ, un étranglement peut conduire rapidement à la mort. En lutte et en judo, certaines projections sur du béton peuvent être mortelles. Les frappes de certains boxeurs ou les attaques sur les cervicales, comme en Silat, peuvent mettre fin définitivement à un combat. Avec les armes blanches, comme en Kali, l’objectif est rarement de ne pas blesser l’opposant, car la survie est souvent limitée.

Nous savons qu’il y a chaque année des blessures graves lors des entraînements. L’année dernière, en Jiu-Jitsu, avant les Championnats du monde, une ceinture marron de chez Cyborg est devenue tétraplégique. Lorsque j’étais à la fédération de lutte, il y avait des cas rares de colonne vertébrale sectionnée suite à une mauvaise chute. Au Japon, le judo est l’un des sports qui entraîne le plus de blessures graves chez les enfants, dont certains en meurent.

Même si nous prenons beaucoup de plaisir à jouer et à nous opposer plus ou moins intensément lors des entraînements, notre activité physique vise à mettre hors d’état de nuire un adversaire. Nous savons que la rue est un environnement sans limites en termes d’agression et de violence. Il suffit de lire les faits divers pour s’en rendre compte. Entre les attaques au couteau, les agressions en groupe ou les mauvaises chutes, il est toujours possible de ne pas survivre à un conflit physique.

Ce week-end, un homme a été tué par les coups portés par plusieurs jeunes devant chez lui. Les altercations peuvent rapidement devenir violentes, et prendre conscience que la blessure et la mort peuvent en être les conséquences est quelque chose à garder à l’esprit. Bien sûr, nous sommes légalement interdits d’intentionnellement ôter la vie à quelqu’un. Le problème est de savoir comment nous réagirons face à une situation d’agression mettant notre vie en danger. Si nous ne sommes pas figés par la peur et que nous sommes envahis par une rage ou une volonté de détruire pour survivre. S’il y a un coup supplémentaire, un étranglement prolongé ou une chute sur un trottoir.

Est-ce que les instructeurs parlent souvent de la mort possible, tant la leur que celle de l’adversaire ? Nous aimons parler de la défense dans la rue, mais jusqu’à quel point sommes-nous, sur le plan cognitif, adaptés à gérer cela dans nos sociétés modernes ? Même sur le terrain des opérations, les militaires peuvent parfois être confrontés à des situations difficiles où ils doivent ôter la vie (et ils le gèrent bon an mal an), alors comment pouvons-nous, simples civils avec nos compétences de combat limitées, gérer cela ?

En plus du risque d’accusation d’homicide involontaire et de la pression du système judiciaire. On nous parle de notre survie lors d’une agression en milieu urbain, cependant, cette notion est relative, car nous ne savons pas ce qui peut se produire. Parfois, même en présence de sang, les personnes se figent, et causer des dommages peut nous mettre mal à l’aise. Lorsque nous nous entraînons avec des armes blanches dans les écoles, il y a une différence entre pratiquer le hubud lubud, le chisao, et réellement blesser un adversaire, le voir couvert de sang et potentiellement s’éteindre.

J’aime regarder des vidéos de self-défense, et il est intéressant de constater que peu d’entre elles mettent en avant la notion de mort, malgré la violence de leurs enchainements à mains nues ou armées. Prenons l’étranglement classique, le « Rear naked choke », par exemple. Je le vois appliqué dans de nombreux systèmes, c’est simple, nous savons qu’il endort rapidement. Mais une chose me marque, même si je n’ai peut-être pas réalisé des milliers de combats au cours des années : est-ce que les élèves qui n’ont presque jamais d’opposition savent réellement ce que cela signifie d’endormir une personne et quand il faut arrêter ? Un étranglement peut tuer. Je le répète, car parfois nous pensons simplement que cela endort. Oui, mais s’il est maintenu un peu plus longtemps, il ôte la vie. Même avec de l’expérience, il y a des moments où nous ne sentons pas que notre partenaire est « parti ». Alors, comment une personne qui inclut cette technique dans son répertoire sans passer des heures à observer les réactions peut-elle savoir quand elle doit s’arrêter ? Ne va-t-elle pas continuer à appliquer la prise, par peur que la personne se relève, par inattention ou par stress ?

Nous devrions aborder plus fréquemment la question de la mort dans notre discours sur les arts martiaux, même si pour la grande majorité d’entre nous, simples civils, le combat ou même la défense personnelle ne restent qu’un jeu. Il existe des situations qui peuvent nous amener à prendre des décisions pouvant conduire à la mort…

Ne prenez ce qui est bon et juste pour vous.
Be one
Pank

#mort #blessure #combaturbain #réalité #vie #racalutabjj #asile #jiujitsu #bjj #blackbelt #lutalivre #nopainhappiness #whitebeltitude #mma #karate


English Version

Martial Musings of a Hypnofighter #9: Death in Martial Arts

Death is rarely discussed in the realm of martial arts. However, if we think about it, a system designed for warfare aims to neutralize the opponent. In BJJ, a chokehold can quickly lead to death. In wrestling and judo, certain throws onto concrete can be lethal. Strikes from certain boxers or attacks on the neck, as seen in Silat, can definitively end a fight. With bladed weapons, as in Kali, the goal is rarely to avoid injuring the opponent, as survival is often limited.

We’re aware that every year there are severe injuries during training. Last year, in Jiu-Jitsu, before the World Championships, a brown belt from Cyborg’s gym became quadriplegic. During my time at the wrestling federation, there were rare cases of spinal cords being severed due to a bad fall. In Japan, Judo is one of the sports that leads to the most serious injuries in children, with some even dying.

Even though we derive a lot of enjoyment from playing and engaging more or less intensely during training, our physical activity aims to render an opponent incapacitated. We’re aware that the streets are an environment without limits in terms of aggression and violence. Just read the news to realize it. From knife attacks to group assaults or bad falls, it’s always possible not to survive a physical conflict.

This weekend, a man was killed by blows from several young individuals in front of his house. Altercations can quickly escalate to violence, and realizing that injury and death can be the consequences is something to keep in mind. Of course, we’re legally prohibited from intentionally taking someone’s life. The issue is how we’ll react in a life-threatening aggressive situation. If we’re not frozen by fear and instead overwhelmed by rage or a will to destroy in order to survive. If there’s an extra blow, a prolonged chokehold, or a fall on a sidewalk.

Do instructors often talk about the potential for death, both their own and that of the opponent? We like to discuss street defense, but to what extent are we, on a cognitive level, equipped to handle this in our modern societies? Even in operational scenarios, military personnel can sometimes face difficult situations where they must take lives (and they manage it one way or another), so how can we, simple civilians with limited combat skills, manage this?

In addition to the risk of being charged with involuntary manslaughter and the pressure of the judicial system. We’re told about our survival in an urban assault, however, this notion is relative because we don’t know what might happen. Sometimes, even in the presence of blood, people freeze, and causing harm can make us uncomfortable. When we train with bladed weapons in schools, there’s a difference between practicing hubud lubud, chisao, and actually injuring an opponent, seeing them covered in blood and potentially fading away.

I enjoy watching self-defense videos, and it’s interesting to note that few of them emphasize the notion of death, despite the violence in their unarmed or armed sequences. Take the classic chokehold, the « Rear Naked Choke, » for example. I see it applied in many systems, it’s simple, and we know it quickly puts someone to sleep. But one thing strikes me, even if I may not have competed in thousands of matches over the years: do students who rarely experience resistance really understand what it means to put someone to sleep and when to stop? A chokehold can kill. I repeat it because sometimes we just think it puts someone to sleep. Yes, but if it’s held a little longer, it takes a life. Even with experience, there are moments where we don’t feel our partner has « gone. » So, how can someone who includes this technique in their repertoire without spending hours observing reactions know when to stop? Won’t they continue applying the hold out of fear that the person will get up, out of inattention, or due to stress?

We should address the question of death more frequently in our discourse about martial arts, even though for the vast majority of us, simple civilians, combat or even personal defense remains a game. There are situations that might lead us to make decisions that could result in death…

Take what is good and right for you.
Be one
Pank

#death #injury #urbancombat #reality #life #racalutabjj #asylum #jiujitsu #bjj #blackbelt #lutalivre #nopainhappiness #whitebeltitude

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