Opposition vs Progression : continuons à perfectionner nos méthodes pédagogiques. / Opposition vs Progression: Let's Continue to Refine Our Teaching Methods.

 Opposition vs Progression : continuons à perfectionner nos méthodes pédagogiques.



Ce que j'apprécie dans l'enseignement, c'est que cela nous pousse à nous poser des questions sur tout, que ce soit la technique, la philosophie ou l'orientation de nos cours. Nous attirons des personnalités différentes qui, avec le temps, parviennent à partager, à former une équipe, un groupe qui se soutient mutuellement.

Jeudi dernier, lors du débriefing en fin de cours, l'un de mes élèves ceinture violette, Guillaume, a exprimé une frustration légitime, que je pense partagée par de nombreux pratiquants de sports de combat. Il s'agit de la difficulté à trouver un terrain d'application des techniques sans avoir en face un partenaire qui se transforme en combattant ou en compétiteur, ce qui entraîne souvent une utilisation excessive de la force.

Je souhaite rappeler les terminologies que j'utilise lors de mes cours et leur importance :

  • Le Uke : il accompagne le Tori dans la répétition technique, les exercices, voire les randori, s'il est nettement plus expérimenté que son partenaire. Il est l'outil de réussite de celui avec qui il travaille. Il réagit avec justesse, applique la pression et donne des conseils pertinents pour permettre une PROGRESSION de son partenaire.

  • Le Tori : il exécute la technique. Il se concentre sur ses mouvements et son processus. Dans les phases de randori, les deux partenaires deviennent Tori, sauf s'il y a une grande disparité de niveau, auquel cas le Tori le plus expérimenté devient un Uke.

Nous pouvons décomposer les séquences de l'entraînement à deux en plusieurs étapes : Technique, Exercices, Flow Rolling (que je nommais auparavant "flow drill", mais je trouve que "rolling" est plus approprié), Thèmes (Rodizio), Randori et Kumite.

  • Pour la Technique, les rôles du Uke et du Tori sont clairement définis, et c'est à ce moment que le Uke doit être le plus sérieux et maintenir une mentalité de combat plutôt que de simplement jouer le rôle de mannequin.

  • Pour les Exercices, il s'agit d'une répétition plus rythmée de la technique qui commence à prendre forme, et l'état d'esprit est le même que pour la Technique.

  • Le Flow Rolling implique un mouvement avec une résistance inférieure à 50%. Le but du Uke est de placer le Tori dans des situations réalistes sans chercher à passer à tout prix, afin de permettre au Tori de travailler ses séquences techniques. Les rôles de Uke et de Tori peuvent être désignés au départ, mais avec l'expérience, on sait naturellement quel rôle nous devons jouer.

  • Les Thèmes sont des situations d'opposition où le temps est limité à moins d'une minute, et les deux sont des Tori (à moins que le plus gradé ne souhaite travailler quelque chose de spécifique). Les Thèmes sont une étape des randori, une fois que nous avons bien maîtrisé la technique dans le cadre du Flow Rolling. Il s'agit de voir si nous pouvons appliquer la technique face à un partenaire qui a ses propres objectifs en tête. Il est essentiel de commencer avec des prises en main, et celui qui réussit à saisir la première prise devient le passeur, tandis que l'autre devient le gardien, et ils réagissent en conséquence (pour les positions debout, une prise de base est suffisante).

  • Lors des Randori, les deux partenaires s'opposent sous la supervision du professeur et pour une durée déterminée. Les deux sont toujours des Tori, à moins qu'il y ait une grande différence de niveau, auquel cas le plus expérimenté est invité à adopter le rôle de Uke après avoir montré la différence. Il relâche sa prise après 5 à 10 secondes lorsqu'il est en position dominante (comme 100 kilos, au dos, ou en montée) pour permettre à l'autre de progresser et de gagner en confiance. Les Randori ont pour but de faire progresser l'autre, et les Uke ont également une excellente occasion de travailler sur leurs points faibles.

  • Le Kumite, pour moi, reflète l'esprit de la compétition, où l'on ne lâche rien, et l'on n'est plus des partenaires mais des adversaires. Nous le pratiquons rarement, sauf avant certaines échéances pour travailler l'agressivité et l'ego des compétiteurs.

Lorsque j'ai commencé le Jiu-Jitsu, je trouvais que les techniques n'étaient pas efficaces (à l'exception des clés de pieds) parce que je venais du combat libre, où les transitions étaient simples et fonctionnelles en compétition. En Jiu-Jitsu, je ne comprenais pas comment des techniques compliquées pouvaient fonctionner lorsque l'adversaire résistait en randori. Je me souviens être allé voir des professeurs à la fin des cours pour leur dire que cela ne fonctionnait pas, que personne ne me laissait entrer dans telle ou telle position, ou que même lorsque j'étais en position favorable, je devais forcer énormément pour y parvenir. Je trouvais que les techniques étaient déconnectées de la réalité du combat. Je me souviens avoir demandé à Flavio de me montrer des techniques sur moi parce que je n'y croyais pas dans un contexte d'opposition.

En réalité, les techniques avaient du sens, mais nous devions les apprendre dans un environnement de randori, même si notre technique était encore bancale. Lorsque le Jiu-Jitsu est arrivé aux États-Unis, la manière d'enseigner a changé, et l'introduction des drills et du flow rolling a ouvert de nouvelles possibilités par rapport à l'ancienne vision consistant à "se battre" pendant l'échauffement, à consacrer une demi-heure à la technique, puis à faire des randori. La clé est de s'entraîner en drills, mais attention, le drill doit évoluer vers le flow pour ne pas rester dans une illusion d'efficacité qui se heurtera à la réalité de l'opposition.

Plus je réfléchis à mes entraînements, plus je m'appuie sur le flow drill pour l'échauffement en lutte/tachiwaza, en technique, en exercices au sol, en thèmes (sur lesquels je fais actuellement de nombreux essais) et parfois en randori. Nous ne pouvons pas éviter l'opposition (bien que Rigan Machado n'intègre plus de randori dans certaines de ses classes), nous ne pouvons pas empêcher les combats brutaux, les partenaires trop agressifs, les compétiteurs ou les personnes tendues lors des cours de Jiu-Jitsu, de lutte ou de MMA. La plupart viennent pour ces moments d'intensité totale. Il est cependant essentiel que les apprenants prennent du plaisir tout au long de leur parcours, et nous devons trouver une formule qui convienne.

Partagez vos réflexions et faites-moi part de vos retours d'expérience.

Soyez Unis.

Osu.

Pank

Opposition vs Progression: Let's Continue to Refine Our Teaching Methods.

What I appreciate about teaching is that it prompts us to question everything, from technique to philosophy and the direction of our classes. We attract different personalities who, over time, manage to share and form a team, a group that supports each other.

Last Thursday, during the post-class debrief, one of my purple belt students, Guillaume, expressed a legitimate frustration that I believe is shared by many practitioners of combat sports. It's the difficulty of finding a platform to apply techniques without having a partner who turns into a fighter or competitor, often leading to an excessive use of force.

I'd like to remind you of the terminology I use in my classes and their importance:

  • Uke: They accompany Tori in technical repetition, drills, and even in randori if they are significantly more experienced than their partner. They are the key to the success of the person they are working with. They react with accuracy, apply pressure, and provide the most appropriate advice to facilitate the PROGRESSION of their co-learner.

  • Tori: They execute the technique. They focus on their movements and process. During randori phases, both partners become Tori, unless there is a significant difference in skill level, in which case the more experienced Tori becomes Uke.

We can break down two-person training sequences into several stages: Technique, Drills, Flow Rolling (which I used to call "flow drills," but I find "rolling" to be more fitting), Themes (Rodizio), Randori, and Kumite.

  • Technique: Uke and Tori roles are clearly defined, and this is the time when Uke must be the most serious and maintain a combat mentality rather than merely playing the role of a dummy.

  • Drills: It's a more rhythmic repetition of the technique that starts taking shape, and the mindset is the same as during Technique.

  • Flow Rolling involves movement with less than 50% resistance. Uke's goal is to put Tori in realistic situations without trying to pass at all costs, allowing Tori to work on their technical sequences. Uke and Tori roles can be assigned initially, but with experience, you naturally know which role to take.

  • Themes are situations of opposition where the time is limited to less than a minute, and both are Tori (unless the higher-ranked person wants to work on something specific). Themes are a step in randori, once we have mastered the technique within the context of Flow Rolling. It's about seeing if we can apply the technique against a partner who has their own goals in mind. It's essential to start with grips, and the person who establishes the first grip becomes the passer, while the other becomes the guard, and they react accordingly (for standing positions, a basic kumikata is sufficient).

  • Randori: Both partners oppose each other under the teacher's supervision and for a defined duration. Both are always Tori, unless there is a significant skill level difference, in which case the more experienced one is invited to take on the role of Uke after demonstrating the difference. They release their hold after 5 to 10 seconds when they are in a dominant position (like 100 kilos, on the back, or in mount) to allow the other to progress and gain confidence. The purpose of Randori is to make the other person progress, and Uke also has an excellent opportunity to work on their weaknesses.

  • Kumite, for me, reflects the spirit of competition, where we don't hold back, and we're no longer partners but opponents. We rarely practice it, except before certain events to work on the aggressiveness and ego of competitors.

When I started Jiu-Jitsu, I found the techniques ineffective (except for foot locks) because I came from mixed martial arts (MMA), where transitions were simple and effective in competition. In Jiu-Jitsu, I couldn't understand how complicated techniques would work when opponents resisted in randori. I remember going to instructors after class to tell them it wasn't working, that nobody would let me get into certain positions, or that even when I was in a favorable position, I had to exert a tremendous amount of force to succeed. I felt that the techniques were disconnected from the reality of combat. I remember asking Flavio to demonstrate techniques on me because I didn't believe in them in an opposition context.

In reality, the techniques made sense, but we had to learn them in a randori environment, even if our technique was still shaky. When Jiu-Jitsu arrived in the United States, the teaching method changed, and the introduction of drills and flow rolling opened up new possibilities compared to the old approach of "fighting" during warm-ups, dedicating half an hour to technique, and then doing randori. The key is to drill, but be cautious; the drill must evolve into flow to avoid remaining in an illusion of effectiveness that will shatter against the wall of opposition.

The more I think about my training, the more I rely on flow drills for warm-ups in tachiwaza (standing techniques), technique, ground drills, themes (on which I am currently conducting numerous experiments), and sometimes randori. We cannot avoid opposition (although Rigan Machado no longer includes randori in some of his classes), and we cannot prevent rough sparring, overly aggressive partners, competitors, or tense moments in Jiu-Jitsu, wrestling, or MMA classes. However, it is essential that learners enjoy themselves throughout their journey, and we must find a formula that suits them.

Share your thoughts and provide feedback.

Be United.

Osu.

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