Réflexions sur l'Orientation et la Pédagogie Martiale #3 : Le Paradoxe entre les Systèmes de Défense et les Systèmes de Combat / Reflections on Martial Orientation and Pedagogy #3: The Paradox of Defense Systems and Combat Systems
Réflexions sur l'Orientation et la Pédagogie Martiale #3 : Le Paradoxe entre les Systèmes de Défense et les Systèmes de Combat
Je reviens sur une idée que j'avais partagée dans cet article : https://lutabjj.wordpress.com/2017/03/04/mecomprehension-entre-self-defense-et-sport-de-combat-part-1/?fbclid=IwAR3hnUQX4uSa5QYo6NJy-ali9JSUi6wP4mB8vOlccqnRvKZ19LQAHM9wuUI
Je parlais des différentes phases que j'identifie actuellement dans le contexte d'agression :
- La phase ritualisée : c'est l'altercation avec un échange de mots et des signaux corporels visant à établir le pouvoir. Si cette phase n'existe pas, il est souvent très difficile de s'en sortir même avec un entraînement.
- La phase d'agression : l'agresseur passe à l'offensive physique dans le but de causer des blessures.
- La phase de self-défense : une période qui dure de 3 à 30/40 secondes, visant à mettre fin à l'agression afin de s'échapper. Cela peut impliquer des esquives, des coups ou des projections/sols.
- La phase d'opposition : si l'affrontement dure plus de 45 secondes et que l'on n'a pas réussi à mettre fin à l'agression, il y a une opposition plus intense, sans l'effet de surprise, impliquant davantage de défense mais aussi de nombreuses attaques. On entre dans des phases plus proches de la boxe ou de la lutte.
Je souhaite approfondir notre réflexion, et surtout par la suite, orienter nos actions pour nous rendre compte d'un point assez étonnant : les pratiquants de self-défense se préparent à un événement improbable. La self-défense n'est pas orientée vers une réalité imminente, mais vers une possibilité future qui, paradoxalement, diminue avec l'entraînement, car il nous enseigne à être plus attentifs aux situations et donc plus capables de les éviter. En revanche, dans les sports de combat, et en particulier pour les compétiteurs, c'est l'inverse : nous nous préparons pour des événements précis et, paradoxalement, en nous concentrant sur les règles et le cadre, nous sommes moins ouverts aux imprévus. Cela ne signifie pas qu'il n'y a pas de réflexes, mais on peut voir que lorsqu'un geste est "interdit" dans un match et qu'il est pourtant exécuté par l'opposant, il y a un temps de paralysie.
Ainsi, d'un côté, nous avons des individus qui se préparent à une éventualité peu probable, mais en ouvrant leur esprit à de nombreuses possibilités, tandis que de l'autre côté, nous avons des personnes qui se fixent un cadre très précis et rigoureux pour une situation qui se produira. Dès le départ, il est difficile pour chacun de comprendre la perspective de l'autre. Un athlète aura un avantage indéniable en phase d'opposition. Même s'il peut y avoir des éléments exceptionnels, la plupart des situations sont prévisibles. En revanche, tant que le déclenchement de l'événement n'est pas clairement identifié, l'athlète n'est pas préparé. Les pratiquants de self-défense ont un avantage en ce qui concerne l'observation des rituels et la gestion des situations d'agression, car leur entraînement est basé sur la détection des signes précurseurs.
La question qui se pose est donc de savoir comment nous pourrions combiner les deux approches. Pour un athlète de combat, les personnes axées sur la self-défense ne sont pas très compétentes sur quelques rounds en situation d'opposition intense. On peut le constater dans les combats difficiles en Krav Maga ou même dans les affrontements en Kali, où de nombreuses techniques ne sont plus applicables après la phase de rituel. La plupart des experts en self-défense ne sont pas préparés à cela. Inversement, la gestion des phases de stress, des situations d'agression, des aspects psychologiques, de la ligne rouge en tant qu'alerte, des réflexes primaires, est mieux abordée dans les écoles de self-défense. À mes yeux, il serait utile de créer des exercices mêlant différentes logiques de stress pour passer par toutes les phases. Cependant, cela soulève également des paradoxes à résoudre.
À suivre.
Soyez un.
Pank
Reflections on Martial Orientation and Pedagogy #3: The Paradox of Defense Systems and Combat Systems
I revisit an idea I shared in this article: https://lutabjj.wordpress.com/2017/03/04/mecomprehension-entre-self-defense-et-sport-de-combat-part-1/?fbclid=IwAR3hnUQX4uSa5QYo6NJy-ali9JSUi6wP4mB8vOlccqnRvKZ19LQAHM9wuUI
I discussed the different phases I currently identify in the context of aggression:
- The ritualized phase: it involves an altercation with an exchange of words and body language to establish dominance. If this phase doesn't exist, it can be very challenging to deal with the situation even with training.
- The aggression phase: the aggressor turns to physical offense with the intent to harm.
- The self-defense phase: a moment that lasts from 3 to 30/40 seconds, aimed at ending the aggression to escape. This can involve dodging, striking, or throwing/ground techniques.
- The opposition phase: if the confrontation lasts beyond 45 seconds and you haven't managed to end the altercation, it enters a more intense opposition phase. There's no longer the element of surprise, but rather more defense and many attacks. This phase becomes closer to boxing or wrestling.
I want to delve deeper into our thinking and, more importantly, into our future actions to realize a rather surprising point: practitioners of self-defense are preparing for an unlikely event. Self-defense isn't geared towards an imminent reality but rather a potential future possibility, which paradoxically diminishes with training since it teaches us to be more alert to situations and, consequently, less likely to experience them. On the other hand, in combat sports, especially for competitors, it's the opposite: we prepare for specific events and paradoxically, by focusing on rules and structure, we become less open to the unexpected. This doesn't mean there are no reflexes, but it's evident that when a certain move is "forbidden" in a match and yet executed by the opponent, there's a freeze moment.
So, on one hand, we have individuals preparing for something improbable but expanding their minds to various possibilities, while on the other hand, we have people setting up a very precise and rigorous framework for an event that will occur. From the start, it's challenging for each side to understand the perspective of the other. An athlete will have a definite advantage in the opposition phase. Even though there can be outliers, most situations are predictable. However, as long as the event trigger isn't clearly identified by the athlete, they are unprepared. Self-defense practitioners have an edge when it comes to observing rituals and managing aggression situations since their training is based on detecting early signs.
The question then arises: how can we combine these two approaches? For a combat athlete, individuals focused on self-defense aren't very competent in intense opposition situations over a few rounds. This is evident in tough Krav Maga fights or even clashes in Kali, where many techniques become inapplicable after the ritual phase. Most self-defense experts aren't prepared for this. Conversely, the management of stress phases, aggression situations, psychological aspects, the red line as an alert, primitive reflexes, are better addressed in self-defense schools. In my opinion, it would be useful to create exercises that blend different stress logics to go through all the phases. However, this also raises paradoxes to be resolved.
To be continued.
Be one.
Pank
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