Réflexions sur la fin d'un compétiteur / Reflections on the End of a Competitor

 Réflexions sur la fin d'un compétiteur



Nous participons à des compétitions pour diverses raisons. Certains veulent prouver qu'ils sont les meilleurs, d'autres se testent, et d'autres encore recherchent de nouvelles sensations. Nous avons tous une motivation différente.

Personnellement, je participe à des compétitions depuis le baby basket, et cela fait maintenant plus de 25 ans que je pratique les sports de combat. J'ai connu une période où je voulais gagner à tout prix, pour nourrir mon ego et me sentir fort.

Cette phase s'est arrêtée en 2000 avec l'obtention de mon premier titre de champion de France de Pancrace. Ce titre avait une grande importance pour moi, car j'étais tombé amoureux du nhb/mma. C'était une manière de me prouver que je progressais, que je devenais un peu comme Goku, Baki ou Royce.

Pour ceux qui me connaissent, je ne suis pas un pratiquant naturellement doué ni particulièrement athlétique. J'ai lutté et je continue de lutter dans mon apprentissage et dans mes applications... La compétition et les titres étaient simplement une reconnaissance du travail que je mettais en place au quotidien. Cependant, il est illusoire de croire que ces titres font de moi le meilleur ; je ne suis que celui qui était au bon endroit au bon moment dans les bonnes conditions. Le lendemain au dojo, je vais encore galérer.

La compétition était un moyen d'expression pour vérifier si j'étais sur la bonne voie. J'ai plus souvent perdu que gagné, c'est certain.

Une fois ce titre en poche, j'ai changé ma perspective sur la compétition. Elle est devenue un moyen de prendre du plaisir et de m'épanouir dans le combat. Je ne suis pas un combattant stratégique. Je suis plutôt le genre de personne qui encaisse et avance pour tenter le KO ou la soumission. Je ne connaissais pas les règles des compétitions (d'ailleurs, mes pauvres élèves subissent encore ce biais) et j'y allais simplement pour m'exprimer et essayer de finaliser.

Avec le niveau qui montait, les règles qui évoluaient, et mon identité de combattant prédominant par rapport à celle de compétiteur, j'ai commencé à perdre des combats sur des critères ou des avantages que j'ignorais. En combat libre, j'ai perdu alors que l'autre combattant était en sang et que j'avais dominé les phases au sol, simplement parce que la prise au sol valait des points. En finale nationale, mon coin m'a dit de me relever pour les 20 dernières secondes au lieu de tenter la soumission... et j'ai été soumis.

Je n'ai jamais été le stéréotype du bon compétiteur, et cela m'a parfois profondément frustré. Le fait que l'on évalue les stratégies d'évitement plutôt que le combat direct m'a souvent dérangé. C'est moi qui étais en tort, comme le disait Sun Tzu dans "L'Art de la Guerre".

Je continue de participer à des compétitions parce que j'aime l'affrontement et les conditions dans lesquelles nous nous trouvons sont généralement agréables. Pourtant, je n'ai plus la même faim, je n'ai pas spécialement envie de gagner ; je viens plutôt pour éviter de perdre et prendre du plaisir dans le combat.

Lors des PanAm no-gi en septembre dernier, j'ai remporté ma catégorie en noire Master 2. Les combats ne m'ont pas satisfait, car j'ai décidé de suivre la stratégie de Kenji et de jouer avec les règles. Il avait raison, sa stratégie contre les combattants lourds était la bonne. À la fin de la finale, j'ai regardé mon coin, Dao, Kenji, Matt et Didier, et je me suis immédiatement demandé ce que je ressentais. Rien... Vraiment aucun bonheur, juste une satisfaction d'avoir suivi la stratégie. D'habitude, en combat, je finis par abandonner la tactique pour essayer des choses, car je ne me retrouve pas et je ne prends pas de plaisir.

Je pense que c'est à ce moment-là que l'on réalise que c'est fini, que nous restons définitivement des combattants-pratiquants. Le compétiteur n'éprouve plus de plaisir, même en cas de victoire lors d'une compétition majeure, il n'arbore plus cette étiquette.

Cela change aussi la perspective : pourquoi dépenser autant d'énergie pour une sensation éphémère, pour une gratification personnelle peu satisfaisante.

Je retournerai probablement sur les tatamis de compétition, peut-être parce que mes élèves y participent ou parce que la destination est agréable, mais certainement pas avec l'idée de gagner. Mon seul objectif sera de prendre plaisir à l'échange.

Soyez uniques,
Pank

Reflections on the End of a Competitor

We compete for various reasons. Some aim to prove that they are the best, others seek to test themselves, and others pursue new experiences. We all have different motivations.

Personally, I've been competing since my early days in baby basketball, and it's been over 25 years of involvement in combat sports. I went through a phase where I wanted to win at all costs, to feed my ego and feel strong.

That phase came to an end in 2000 when I won my first French Pancrase championship title. This title meant a lot to me as I had fallen in love with nhb/mma. It was a way of proving to myself that I was progressing, becoming somewhat like Goku, Baki, or Royce.

For those who know me, I'm not naturally gifted in martial arts, nor particularly athletic. I've struggled and continue to struggle in my learning and application... Competition and titles were merely recognition of the daily effort I put in. However, it's illusory to believe that these titles make me the best; I'm only the one who was in the right place at the right time under the right conditions. The day after, back at the dojo, I'd still have to work hard.

Competition was an outlet to see if I was on the right path. I've lost more than I've won, for sure.

Once I had that championship title, my perspective on competition changed. It became a means to enjoy myself and relish the fight. I'm not a strategic fighter; I'm more of a guy who takes punches and moves forward to try for a KO or submission. I didn't know the rules of competition (and my poor students still suffer from this bias), and I participated mainly to express myself and aim for the finish.

As the level rose, the rules changed, and I remained a fighter more than a competitor, I found myself losing on points or advantages that I was unaware of. In freestyle combat, I lost even when the other guy was bleeding and I dominated on the ground, simply because the takedown earned points. In a national final, my corner told me to stand up for the final 20 seconds instead of going for the submission... and I got submitted.

I've never been the stereotypical good competitor, and that has sometimes deeply frustrated me. The fact that strategies of avoidance were often valued more than direct confrontation bothered me. It was my fault, as Sun Tzu explained in "The Art of War."

I continue to participate in competitions because I enjoy the confrontation, and the conditions are generally pleasant. However, I no longer have the same hunger, and I don't particularly want to win; I come mainly to avoid losing and to take pleasure in the fight.

At the PanAm no-gi last September, I won my black belt Master 2 category. The fights didn't please me, as I decided to follow Kenji's strategy and play by the rules. He was right; his strategy against heavyweights was spot on. At the end of the final, I looked at my corner, Dao, Kenji, Matt, and Didier, and immediately wondered what I felt. Nothing... Really no happiness, just satisfaction at having followed the strategy. Usually, in a match, I eventually abandon the tactic to try things out, as I don't find myself and don't enjoy it.

I think this is the moment when we realize it's over, and we are definitively practitioners who are also fighters. The competitor no longer finds pleasure, even in the case of victory in a major competition; they no longer wear that label.

This also changes the perspective: why spend so much energy for a fleeting sensation, for an unsatisfying ego boost.

I will probably return to the competition mats, maybe because my students are competing or because the destination is enjoyable, but certainly not with the goal of winning. My only objective will be to take pleasure in the exchange.

Be unique,
Pank

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