Le Jiujitsu - Luta Livre Collaboratif / Collaborative Jiujitsu - Luta Livre
Le Jiujitsu / Luta Livre Collaboratif
Nous vivons une époque où la collaboration est omniprésente, que ce soit pour les transports, l'hébergement ou les compétences. Dans mon académie, l'Asile, depuis plus de deux ans, j'ai mis en place un "enseignement collaboratif". Je suis engagé dans une démarche où celui qui a acquis plus de connaissances peut toujours enseigner ou, au moins, partager ce qu'il a appris.
Les arts martiaux ont une structure pyramidale, un concept bien compris par l'IBJJF qui met l'accent sur la "validation" des ceintures pour qu'elles soient "reconnues". Issu des arts traditionnels japonais, je suis conscient que le concept de Senseï/Senpaï/Kohaï fait partie de la culture nippone. En France, et plus généralement dans tous les pays qui ont développé ces Budo, nous avons conservé ce système. Cette dynamique se retrouve également dans les arts martiaux brésiliens que nous apprécions. Bien qu'elle comporte des aspects positifs et suscite parfois des débats intéressants (peut-on inviter un pratiquant de grade supérieur ? Les ceintures noires doivent-elles participer à chaque cours, etc.), je pense que nous avons l'occasion de faire évoluer nos pratiques ou du moins de repenser nos approches.
Pour réduire la structure pyramidale, c'est-à-dire ne pas se limiter aux informations des gradés et attendre les cours des ceintures supérieures, j'ai décidé de donner plus d'autonomie aux pratiquants. Je les encourage à s'entraîner, à découvrir quelques techniques (environ trois ou quatre) et à les répéter au moins mille fois. Cela leur permet d'acquérir un premier niveau de "compréhension et maîtrise" qu'ils peuvent facilement partager avec les nouveaux arrivants à l'académie, que des gradés soient présents ou non.
En outre, laisser les pratiquants plus expérimentés guider les débutants favorise une remise en question de leur propre structure technique. Cette compétence, qui passe par la transmission de leurs connaissances, encourage chaque pratiquant à accorder une attention, un respect et une considération à son partenaire. J'ai un gradé, Eric, ceinture marron, qui me surpasse autant techniquement qu'en combat, et c'est un plaisir de le voir partager son immense savoir avec les apprentis. Mes élèves qui entament leur deuxième saison sont déjà autonomes et réfléchissent sérieusement à leurs exercices.
Cela offre au professeur la possibilité de corriger des détails de plus en plus précis et d'adapter les techniques en fonction des morphologies de chacun. C'est un moyen de conférer une plus grande maturité martiale à chaque pratiquant et d'éviter le caractère infantilisant des systèmes hiérarchiques où "Papa-Mestre" a toujours raison. Sachant que même pour les techniques de base, il existe de nombreuses approches différentes, il est préférable de ne pas considérer qu'une seule voie à suivre.
Le collaboratif est une démarche qui encourage l'individualisation et la responsabilisation des pratiquants, qui, dans un environnement de liberté et de respect, peuvent évoluer tant sur le plan physique et technique que dans une démarche cognitive positive. Il reste encore de nombreuses choses à revoir et à améliorer, mais cela restera mon objectif dans les années à venir pour créer un système basé sur "le plus" plutôt que sur "l'unique".
Soyez vous-même,
Pank
Collaborative Jiujitsu / Luta Livre
We live in a time where collaboration is everywhere, whether it's for transportation, accommodation, or skills. In my academy, the Asylum, for over two years now, I have been implementing a "collaborative teaching" approach. I am committed to a philosophy where anyone who has gained additional knowledge can always teach or at the very least, share what they have learned.
Martial arts traditionally have a pyramidal structure, and this concept is well understood by organizations like the IBJJF, which emphasizes the "validation" of belts for them to be "recognized." Coming from a background in traditional Japanese martial arts, I am aware that the concept of Sensei/Senpai/Kohai is deeply ingrained in Japanese culture. In France, and more generally in all countries that have developed these Budo traditions, we have retained this system. While it has positive aspects and sometimes leads to interesting debates (can practitioners of higher ranks be invited? Should black belts participate in every class, etc.), I believe that we have the opportunity to evolve our practices or at least reconsider our approaches.
To reduce the pyramidal structure, meaning not limiting ourselves to information from higher belts and waiting for classes taught by higher-ranked individuals, I have chosen to give more autonomy to practitioners. I encourage them to train, to discover a few techniques (around three or four), and to repeat them at least a thousand times. This allows them to acquire an initial level of "understanding and mastery" that can easily be shared with newcomers to the academy, whether higher-ranked individuals are present or not.
Furthermore, allowing more experienced practitioners to guide beginners encourages self-reflection on their own technical structure. This skill, which involves transmitting their knowledge, fosters each practitioner's attention, respect, and consideration for their partner. I have a higher-ranked practitioner, Eric, a brown belt, who surpasses me both technically and in combat, and it's a pleasure to see him share his vast knowledge with the apprentices. My students who are beginning their second season are already autonomous and seriously contemplating their exercises.
This provides the teacher with the opportunity to correct increasingly precise details and adapt techniques based on individual body types. It's a way to impart greater martial maturity to each practitioner and avoid the overly infantilizing aspects of hierarchical systems where "Master Dad" is always right. Considering that even for basic techniques, there are many different approaches, it's best not to regard just one path as the definitive one to follow.
Collaboration is an approach that encourages individualization and the empowerment of practitioners who, in an environment of freedom and respect, can evolve both physically and technically as well as in a positive cognitive manner. There is still much to review and improve, but this will remain my goal in the years to come, to create a system based on "more" rather than "one."
Be yourself,
Pank
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