Le MMA que j’aime, l’art des transitions / The MMA I Love: The Art of Transitions

 Le MMA que j’aime, l’art des transitions



Je trouve extraordinaire de constater comment le MMA se développe en France et dans le monde. Depuis que j'ai commencé à le pratiquer, j'ai apprécié de voir l'évolution du système et des méthodes d'entraînement. La question pour moi a longtemps été de savoir s'il valait mieux être un spécialiste qui se diversifie ou un combattant complet qui se spécialise.

Rappelez-vous que la genèse du MMA était de faire s'affronter des styles différents, donc des spécialistes. Nous avons d'abord cru au pouvoir absolu du Jiujitsu, puis les lutteurs ont rétabli l'équilibre, et nos amis strikers ont adapté leur jeu. Maintenant, je ne me demande plus si celui qui frappe, lutte ou travaille au sol est le plus fort. C'est l'art des transitions qui donne au combattant l'opportunité de prendre le dessus dans un match.

Si je suis un striker et que mon adversaire me fait tomber et me frappe au sol, ma compétence en boxe de haut niveau ne servira à rien. Si je suis un expert en BJJ mais que je reste debout, je risque de subir un KO brutal. Un lutteur qui se fait sprawler ou se retrouve en position défavorable au sol ne pourra pas exploiter sa force et son jeu de frappes. L'essentiel n'est donc plus d'être le meilleur cogneur du monde ou le meilleur soumissionnaire si l'on est incapable de mettre en œuvre sa stratégie.

La gestion des transitions offre la possibilité à un novice de battre un spécialiste en l'emmenant dans un domaine qu'il ne maîtrise pas. Mettez un karateka au sol, et vous obtiendrez une tortue qui bouge dans tous les sens ; gardez un Jiujitsuka à distance de frappe, et vous aurez un punching-ball humain. Un combat est un voyage technique et stratégique qui permet au combattant d'imposer son style à son adversaire.

La question que nous, grapplers mmaïsts, devrions nous poser est pourquoi sommes-nous restés si figés dans nos anciens modèles ? Nous nous comportons comme Royce, mais nous combattons des monstres comme Jones. Pourtant, le BJJ et la Luta Livre ont une véritable cohérence dans les transitions au sol. Passer d'une garde à une position dominante, changer de posture, tout cela fait partie de la force de nos disciplines. La manière dont nous avons orienté notre spécialisation, c'est-à-dire le sol, nous a empêchés de nous ouvrir à un jeu debout propre à nos écoles. Le Jiujitsu ou la Luta Livre debout empruntent des techniques au Judo et à la Lutte, mais ce ne sont pas ces disciplines. Nos positions et nos orientations tactiques imposent une manière spécifique de faire les choses, non pas seulement pour amener l'adversaire au sol comme en lutte, mais pour orienter le combat vers des soumissions, la protection contre les frappes, ou pour empêcher l'adversaire de se relever.

Comme nous commençons 90 % de nos entraînements au sol, nous avons développé un travail sur les transitions au sol, mais nous ne sommes plus capables de l'appliquer face à un combattant qui sait contrer une lutte. Pour moi, Maia est l'exemple du grappler que nous devrions étudier, il est un maître de la transition. Il peut amener un combattant comme Chael Sonnen au sol en utilisant une Jiujitsu debout que Sonnen lui-même considère comme une mauvaise lutte. Et c'est vrai, simplement parce que ce n'est pas la lutte telle que nous la connaissons (Folkstyle, libre ou Greco). Maia a fait l'erreur pendant un moment de vouloir boxer au lieu de se défendre contre les frappes pour entrer dans un clinch et ainsi éviter une punition debout. Nous l'avons vu récemment contre Condit, un excellent Striker. Au sol, comme il l'explique, il n'adopte pas le style du lutteur qui frappe, mais reste un pur produit du BJJ, préférant éviter les espaces et les mouvements créés par les frappes. Il dirige donc son plan de jeu et les différentes transitions, debout, au sol, de la garde au side control, puis au dos.

Je prends l'exemple d'un lutador, mais nous pouvons voir la même maîtrise des transitions chez les plus grands combattants de l'ère moderne du MMA. Pour nous, les grapplers mmaïsts, n'hésitons pas à combler ces lacunes dans nos académies pour développer la capacité à affronter des styles différents.

Nous savons tous que les transitions sont parfois les choses les plus complexes à réaliser, et pas seulement dans le MMA, mais dans la vie en général. Pour notre discipline, nous avons pu le constater il y a quelques jours : nos politiques ne sont pas encore prêtes à faire la transition martiale qui s'amorce et qui finira par les rattraper...

Be One

Pank

The MMA I Love: The Art of Transitions

I find it extraordinary to see how MMA is developing in France and around the world. Since I began practicing it, I have enjoyed witnessing the evolution of the system and training methods. The question for me has long been whether it's better to be a specialist who diversifies or a well-rounded fighter who specializes.

Remember that the genesis of MMA was to pit different styles against each other, meaning specialists. Initially, we believed in the absolute power of Jiujitsu, then wrestlers set the record straight, and our striker friends adapted their games. Now, I no longer wonder if the one who strikes, wrestles, or rolls on the ground is the strongest. It's the art of transitions that gives the fighter the opportunity to control a match.

If I'm a striker and my opponent takes me down and pounds on me, my elite-level boxing skills will be of no use. If I'm a BJJ monster but stick to standing up, I risk greeting the canvas with a gentle KO. A wrestler who gets sprawled or ends up in a disadvantageous ground position won't be able to use their pressure and heavy strikes. The focus is no longer on being the world's greatest puncher or submission artist if we're incapable of executing our strategy.

The management of transitions offers the possibility for a novice to defeat a specialist by taking them into an unfamiliar world. Put a karateka on the ground, and you'll have a floundering turtle; keep a Jiujitsuka at punching range, and you'll have a human punching bag. A fight is a technical and strategic journey that allows the fighter to impose their style on their opponent.

The question we MMA grapplers should ask ourselves is why we've remained so entrenched in our old-school models. We act like Royce, but we fight monsters like Jones. However, BJJ and Luta Livre have real coherence in ground transitions. Transitioning from guard to dominant position, changing postures—all of this is part of the strength of our disciplines. The way we've oriented our specialization, meaning the ground, has prevented us from opening up to a stand-up game specific to our schools. Stand-up Jiujitsu or Luta Livre incorporates techniques from Judo and Wrestling, but it's not the same as those disciplines. Our positions and tactical orientations impose a specific way of doing things, not just to bring the opponent to the ground as in wrestling but to steer the fight toward submissions, protection against strikes, or preventing the opponent from getting up.

Since we start 90% of our training sessions on the ground, we've developed a focus on ground transitions, but we can no longer apply it against a fighter who knows how to counter wrestling. For me, Maia is the example of the grappler we should study; he's a master of transitions. He can take a fighter like Chael Sonnen to the ground using a standing Jiujitsu that Sonnen himself considers bad wrestling. And it's true because it's not wrestling in the styles we know (Folkstyle, Freestyle, or Greco-Roman). Maia made the mistake for a while of wanting to box instead of defending against strikes to enter a clinch and avoid punishment while standing. We saw it recently against Condit, an excellent striker. On the ground, as he explains, he doesn't adopt the style of the ground-and-pound wrestler but remains a pure BJJ product, preferring to avoid spaces and movements created by strikes. He thus directs his game plan and the various transitions—standing, on the ground, from guard to side control, and then to the back.

I'm using the example of a Lutador, but we can see the same mastery of transitions in the greatest fighters of the modern MMA era. For us, MMA grapplers, let's not hesitate to fill these gaps in our academies to develop the ability to face different styles.

We all know that transitions can sometimes be the most complex things to execute, not only in MMA but in life in general. For our discipline, we saw it a few days ago: our policies are not yet ready to make the martial transition that is underway and will eventually catch up with them...

Be One

Pank

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